lundi 12 mai 2008
ÉVOLUTION
Un journaliste de passage demandait :
-” Vous qui revenez dans ce territoire après une longue absence, que trouvez-vous de changé? “
-”Au point de vue économique ? ... Tout a changé. Voyez-vous, il y a vingt cinq ans, dans n’importe quel petit restaurant au bord de la mer, on vous présentait le dimanche un buffet digne de Gargantua. Libre service. Hors d’oeuvres à profusion, cochon de lait rôti tout entier, thons énormes cuits au four polynésien. Les légumes et les bananes sortaient également du four, enveloppés de feuilles odorantes. Il y avait des fruits à satiété : mangues, ananas, pommes-cythère à la saison. On buvait de l’eau de cocos ou bien l’eau de la fontaine.
Alors, ce qui a changé ! ... Tenez, hier, c’était Noël. Nous sommes allés souper dans une auberge. À table, on était servi. Il y avait des bougies qui brûlaient dans des photophores rouges. Il y avait quatre serveurs au moins. Il y avait une fille qui prenait bien garde de montrer ses jambes, superbes au demeurant. Le patron est venu nous saluer à la sortie. Il portait une blouse blanche, avec son nom brodé en rouge sur la poitrine. Il est membre de la “Confrérie des Maîtres-Cuisiniers” ( Pardon, j’allais oublier les majuscules !)
Je m’étais ennuyé. On nous avait servi avec force grâces un Bordeaux madérisé. Nous avions eu droit à une lichette de foie gras mi-cuit, à vingt grammes de saumon accompagné d’un petit “goujou” en pâte feuilletée et d’un petit “truc” aux groseilles, gros comme l’ongle de mon pouce !
On nous avait apporté deux rondelles d’ “échine de biche” sur canapés (... quinze grammes en tout, mais la sauce était délicieuse ! )
Je crois que le Maître d’Hôtel n’a pas très bien compris lorsque je lui ai dit :
-” Tout ce que vous nous avez servi était délicieux : Vous pouvez maintenant commencer à servir ...
Accompagant la venaison, il y avait deux cuillérées de purée de pommes de terre. Venait ensuite le “chariot de fromages” ( Mais c’était le Maître d’Hôtel qui découpait les parts ! ) ... Bavaroise rosée, café “ des îles “ accompagné de ses “mignardises” ( Un chocolat gros comme la moitié d’une cerise et un bout d’écorce d’orange confite. )
-” Au revoir Messieurs Dames, j’espère que le dîner vous a plu.”
-”Mais je suis confus ! Il fallait me dire que le vin n’était pas parfait.”
Allons, c’était Noël ... Nous avons assuré que nous étions malgré tout très satisfaits ...
-” Eh bien, voyez-vous, au point de vue économique, ce pays a bien changé ! Si vous saviez combien j’ai payé !
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