mardi 13 mai 2008

MAIS LE VETEA ...









Au fond du port, tout au fond, gris, devant le gris des citernes de carburants, les vaisseaux de la Marine Nationale sont tapis. Gros lézards se chauffant au soleil, ils ne bougent guère.

De l‘autre côté une énorme bête noire est à quai, chargée de containers de toutes les couleurs. Elle s’est assoupie là depuis hier soir après avoir déplié ses appendices. Elle respire doucement, étirant vers le nord une haleine fuligineuse.

Arrive un pétrolier, bleu, long, bas sur l’eau, tuyauteries rutilantes. Deux coléoptères noirâtres l’ont pris en charge, l’un à tribord, l’autre à babord. L’un à l’avant, l’autre à l’arrière, têtus. Il font virer le mastodonte, doucement , lentement, sans bruit.

Moorea est proche, île parée d’or, orgueuilleusement drapée de vert, non sans élégance.

Le ferry demande le passage : Un coup de trompe, bref ... C’est un bousier disgracieux, mais décidé. Un insecte hydrophile, haut perché sur des patins, le double : Lui-aussi, il va à Moorea. Tout un peuple se penche aux rembardes, ivre de vitesse.




Quant au Vétéa ...

Le Vétéa est un voilier trapu. Sa coque en acier est peinte en noir. Son unique mât est en bois verni. Il a des bosses. Il a des creux. Il a dû en voir de rudes! Amarres s’effilochant ...

À la proue, trois cocotiers ... Oui, j’ai bien dit des cocotiers, et déjà de jolie taille ! Ils poussent dans des bidons. Tout autour, dans des caisses en bois blanc, poussent des pervenches de Madagascar, blanches et violettes, en gros bouquets.

Ah ! Le Vétéa ! ... Le roof est à persiennes vernies, entrouvertes toujours : Quelqu’un habite là, qui ne doit plus guère naviguer !

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