vendredi 9 mai 2008

LES VOILEUX












Un certain Breton, (ce que nous en savons n’est que fort peu de choses ...) Un Breton, donc, servait sous l’habit du gendarme dans quelque bourgade de province.

Il met fin à sa carrière. Il avait souvenir de vanille, ayant servi naguère dans une île lointaine.

Une coque de voilier dormait, inachevée, sur le quai d’un port. Il s’en trouve parfois ... Il l’achète. Son épouse et lui en achèvent le vraigrage et le gréement. Les voici à Tahiti ! Nous ignorons les péripéties du voyage. Ils n’avaient encore jamais navigué je crois. toujours est-il que le bateau est intact. Ils sont là.


Passent quelques années ... Quatre ? Cinq ? On a fait quelques croisiéres vers les archipels éloignés. Mais tout passe et tout lasse. Aujourd’hui, notre Breton lave sa voiture sur le quai.

-” Elle est là ? ”

-” Sans doute. Je ne sais pas.”





La Bretonne est dans la cabine, s’affairant au ménage. Le tambour d’une machine à laver calée contre la barr eà roue est en train de tourner.

Passe le ferry qui vient de Moorea. Des algues s’agitent, fixées sur la ligne de flottaison du voilier. C’est un beau et grand voilier : deux mâts, trois cabines.

-”Pourquoi ne le rentabilisez-vous pas ? Vos voisins de mouillage offrent des charters à la journée.”

-”Des étrangers chez moi ? Jamais !”

Depuis des mois et des mois, ce bateau n’a pas bougé. Il est affourché devant le bureau de poste de la ville. C’est pratique, pour le courrier ! Nous sommes au bord de la voie à grande vitesse, parcourue par un flot de voitures !

Certes, c’est un grand voilier ... Mais au total, cela fait assez peu de surface de plancher, pour un Breton et une Bretonne qui ne peuvent plus se supporter. Or le couple en est là : Paroles acerbes et rares. Quelle suite imaginer ?

Un autre, un jour, cloua la porte dans le milieu du couloir de sa maison. Mais sur un bateau ?

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